Denzel Washington dans Highest 2 Lowest
A24

Les retrouvailles du réalisateur avec Denzel Washington, 20 ans après Inside Man, accouchent d’un film affligeant, présenté hors compétition sur la Croisette.

Après sa présentation lundi soir au Grand Théâtre Lumière, le nouveau Spike Lee était montré à la presse ce mardi matin. Et à l’image de la pluie battante qui s’est abattue sur Cannes, c’est une douche froide. Remake d’un film de Kurosawa, Highest 2 Lowest est un pur nanar, affligeant mais donc aussi un peu jouissif. 

La petite salle Buñuel, où était projeté le film, a accueilli avec consternation ce thriller produit par Apple et A24. Il raconte le kidnapping du fils d’un grand producteur de musique newyorkais campé par Denzel Washington. Du moins était-ce le plan des ravisseurs, qui ont en fait capturé son meilleur ami, le fils du vieux pote et chauffeur de son père (Jeffrey Wright). Tant pis, la rançon reste la même : 17,5 millions de francs suisses en coupure de 1000. 

Denzel Washington, Spike Lee et Asap Rocky sur le tournage de Highest 2 Lowest
Instagram Spike Lee

Nous aussi, on s’est senti pris en otage par Highest 2 Lowest. De nombreux journalistes ont quitté la salle. On a tenu, assistant à ce triste et interminable spectacle (2h13 au compteur). Et on a beaucoup ri, avouons-le. Mais surtout contre le film. Un ratage dans les grandes largeurs, digne des petites productions tournées à la chaine par Tyler Perry, voire d’un sketch de Key & Peele dans la dernière partie, qui vire à la parodie de blaxploitation. 

Tout le monde joue atrocement mal dans cette relecture de Entre le ciel et l'enfer, y compris Denzel Washington qui en fait des caisses dans son rôle de mogul ringard, enchainant les remarques de gros boomer sur l’industrie de la musique, internet ou l’IA. En roue libre, il enchaine les hugs et les shadowboxings gênants. Et, quand il doit se décider à risquer sa fortune pour sauver le fils de son bro, il s’adresse aux grands figures noires de la musique (James Brown, Stevie Wonder et Aretha Franklin) encadrées dans son luxueux penthouse. 

Rihanna, ASAP Rocky, Tonya Lewis Lee et Spike Lee (Cannes 2025)
ABACA

Peut-être est-on passé à côté du second degré de Highest 2 Lowest, et son ton clairement too much, avec ses gros clins d’oeils bien appuyés (le rappeur-ravisseur incarné par A$AP Rocky habite l’appartement… A24). A travers ce film, Spike Lee signe aussi un autoportrait en creux de sa propre carrière, intéressant mais un peu vain. Le problème relève aussi du contexte de la sélection officielle du Festival de Cannes dans lequel on l’a découvert.

Thierry Frémaux l’a reconnu à demi-mot. La venue du film était liée à la présence de Denzel Washington, qui a reçu une Palme d’or d’honneur surprise avant la projection au Lumière. Avec la promesse d’un tapis rouge bien glamour, où Rihanna, immense star de la pop et épouse d’A$AP Rocky, a fait sensation. 

Quant à Spike Lee, s’il a connu de vrais highest dans sa filmographie, surtout au début (Do The Right Thing, Jungle Fever, Malcolm X…), il vient clairement d’atteindre son lowest.