Titre original The Life of Chuck
Date de sortie 11 juin 2025
Durée 111 mn
Réalisé par Mike Flanagan
Avec Tom Hiddleston , Karen Gillan , Chiwetel Ejiofor
Distributeur Nour Films
Année de production 2025
Pays de production Etats-Unis
Genre Drame

Synopsis

La vie extraordinaire d’un homme ordinaire racontée en trois chapitres. Merci Chuck.

Critiques de Life of Chuck

  1. Première
    par Gael Golhen

    Chuck Krantz danse sur un trottoir de banlieue américaine. Autour de lui, le monde s'effrite – la Californie n'a plus d'électricité, les routes se fissurent, Internet rend l'âme. Mais Chuck danse, et soudain tout s'illumine. Voilà bien du Mike Flanagan : transformer l'apocalypse en épiphanie, faire du désespoir un tremplin vers la grâce.

    Avec Life of Chuck, le maître de l'horreur contemporaine (Haunting of Hill HouseDoctor Sleep) opère un virage radical qui n'en est pas vraiment un. Car derrière les jumpscares de ses précédents films se cachait déjà cette obsession : comment survivre à la conscience de notre mort ? Stephen King avait exploré ce thème en écrivant cette nouvelle il y a quelques années, Flanagan l'a magnifiquement traduit à l'écran.

    Le film joue cartes sur table dès son ouverture. Mystique, étrange, fantastique, il est structuré en trois actes, en ordre chronologique inversé, qui ne prendront sens qu'à la fin.
    Acte un : Marty Anderson (Chiwetel Ejiofor), un enseignant, attend imperturbable la fin du monde vraisemblablement toute proche. Il remarque à la télé ou sur les immeubles des publicités mettant en scène un mystérieux Chuck... Qui est-il ? Et quel rapport avec l'Apocalypse qui se joue là ?
    Acte deux : quelques mois plus tôt, le Chuck en question, un comptable très sérieux, se met à danser en pleine rue. Une jeune inconnue décide de le rejoindre...
    Acte trois : Chuck est enfant. Il vit chez ses grands-parents. Sa grand-mère dépressive ne trouve la joie qu'en dansant, une passion qu'elle va transmettre à son petit-fils... Mais que cache l'étrange pièce du grenier ? Et pourquoi son grand-père est-il à ce point obsédé par les maths ?
    On n'en révèlera pas plus. Il suffira de dire que Tom Hiddleston incarne ce Chuck avec une justesse bouleversante – loin du Loki facétieux, il confirme qu'il sait aussi être un acteur d'une délicatesse folle. Sa séquence de danse improvisée, filmée comme un miracle du quotidien, rivalise avec les plus beaux moments de La La Land. Mais si Hiddleston est magnétique, on sait que Flanagan maîtrise à la perfection l'art du casting choral. Chiwetel Ejiofor et Karen Gillan campent parfaitement un couple divorcé qui se retrouve face à l'effondrement, Mark Hamill surprend en patriarche juif new-yorkais, et chaque apparition des fidèles du réalisateur (Kate Siegel, Rahul Kohli) sonne juste, cette famille de cinéma qu'il s'est construite depuis des années trouvant ici un écrin idéal.

    Mais c'est dans sa mise en scène que Flanagan frappe le plus fort. Chaque plan respire une mélancolie lumineuse, chaque raccord tisse une toile d'échos temporels saisissants. La photographie d'Eben Bolter caresse autant qu'elle inquiète, les Brothers Newton signent une partition qui prend aux tripes. Et le réalisateur filme la nostalgie avec une urgence viscérale. Car The Life of Chuck parle de temps qui passe et de souvenirs qui nous hantent. Flanagan aurait pu tomber dans la sensiblerie, il évite le piège grâce à une construction narrative maline et une sincérité désarmante. Quand Chuck enfant découvre les comédies musicales avec sa grand-mère, on sent pointer l'émotion facile. Et cette citation de Whitman – "Je me contredis ? Très bien, je me contredis. Je suis vaste, je contiens des multitudes" – qui nous avait laissé interdit prend tout à coup tout son sens.

    Au fond, si le film est si puissant, c'est que Flanagan assume pleinement son parti pris : oui, chaque vie ordinaire recèle un univers entier. Oui, nos existences les plus banales méritent qu'on s'y attarde. Et non, ce n'est pas de la philosophie de comptoir mais une vérité criante que notre époque cynique a un peu oubliée.

    Avec une grâce et une ambition folles, Flanagan livre ici une version grand public des délires mentaux de Charlie Kaufman ; un La Vie est belle pour temps d'apocalypse. Et dans une période où le cinéma mainstream semble avoir renoncé à nous émouvoir vraiment, Life of Chuck fait figure d'ovni salvateur. Un film qui ose dire que danser dans la rue peut sauver le monde et qui, mieux, réussit à nous en convaincre. Chuck est mort, nous mourrons tous. Mais le film rappelle avant tout que c'est beau d'être vivant.

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